Bitcoin peut-il sauver la ville de Goma au Congo de la pénurie de Cash ?

Cela fait plus de 6 mois, 172 jours pour être exact, que les banques de Goma gardent leurs portes fermées. Les habitants de la ville sont privés d’accès à leur propre argent. La guerre du M23, à l’est de la République démocratique du Congo, a paralysé tout le système financier local, et pas un seul distributeur ne fonctionne. Tout Goma est désormais confronté à une amère vérité : l’argent placé en banque ne vous appartient plus vraiment. Bitcoin peut-il être la solution ?
L’impact catastrophique de la crise financière
L’est de la RDC est depuis de longues années confronté à une guerre qui pousse la population locale à fuir. Pour illustrer la situation, le rapport de 2023 de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime à près de 7 millions le nombre de personnes déplacées en RDC.
La situation s’est dramatiquement aggravée lorsque les banques ont fermé leurs portes le 27 janvier 2025, suite à la prise de contrôle de Goma par les rebelles du M23. Cette fermeture, imposée par les autorités, plonge désormais la population dans une crise financière majeure. Nombreux sont ceux qui regrettent sans doute d’avoir confié la garde de leurs fonds aux banques.
Sans argent liquide, c’est toute la chaîne économique qui se retrouve paralysée. Comme l’explique Erick Mulengabyuma, cambiste de Goma : « Obtenir le dollar est devenu comme un miracle, depuis que la guerre a commencé, nous ne travaillons presque plus ». La ville voisine de Bukavu, qui approvisionnait initialement Goma en liquidités, est désormais confrontée au même problème après sa prise par le M23.
Chaque jour, ceux qui le peuvent, c’est-à-dire ceux qui possèdent une carte bancaire, traversent la frontière vers Gisenyi, une ville voisine au Rwanda, pour retirer leur argent. Mais à quel prix ? Avec les aéroports de Goma et Bukavu fermés et les autorités qui refusent d’autoriser la réouverture des banques locales, la population est prise au piège.
La crise s’aggrave de jour en jour, au point qu’elle pourrait provoquer des émeutes. Le taux de banditisme, de pillages et de violences a déjà augmenté. Qui sait si ce n’est pas lié à cette situation ? La faim pousse les gens à commettre l’impensable pour survivre.
Des tentatives de solutions limitées
Face à cette crise, le M23 a tenté de relancer les activités de la Caisse Générale d’Épargne du Congo (CADECO) en avril 2025, mais cette initiative reste confrontée à de nombreux défis. Malgré les multiples mises en garde, toutes les portes des banques reconnues dans la ville restent fermées.
Cette situation illustre parfaitement les limites du système bancaire traditionnel en temps de crise. Quand les institutions financières ferment leurs portes, les populations se retrouvent otages de leurs propres économies.
Bitcoin : une solution durable au-delà de l’urgence
La solution est pourtant à portée de main : le bitcoin. Un cash numérique qui n’est contrôlé par aucune banque centrale, entreprise ou individu. Une monnaie assimilée à de l’or numérique, que les grands États, dont les USA, ont déjà intégrée ou s’apprêtent à intégrer comme réserve stratégique, et qui est déjà une monnaie officielle au Salvador.
Si le Bitcoin a été créé, c’est bien pour servir dans des situations comme celle que vit Goma. En temps de crise et de guerre, tout le monde cherche à détenir du cash, idéalement des dollars américains. Le Bitcoin combine ces avantages et va plus loin : c’est un cash universel, sans frontières.
L’exemple du Nigeria : quand la crise accélère l’adoption
Le Bitcoin n’en est pas à sa première mission de sauvetage. Le Nigeria a connu une situation similaire suite à une crise du naira en 2023, ce qui a propulsé le pays au second rang mondial pour l’adoption des cryptomonnaies selon l’indice d’adoption global de Chainalysis.
Le Nigeria, confronté à des défis économiques majeurs, a reçu environ 59 milliards de dollars en valeur de cryptomonnaies entre juillet 2023 et juin 2024. Cette crise a accéléré l’adoption du bitcoin dans le pays, qui figure aujourd’hui parmi les leaders mondiaux du marché crypto.
Une adoption qui prend forme à Goma
À Goma, l’adoption commence à prendre petit à petit de l’ampleur. Une communauté d’initiés reste à l’abri de cette crise et continue de faire des affaires sereinement. Bridge Sats, une entreprise locale spécialisée dans les services Bitcoin, observe une augmentation significative de son volume de transactions via son Desk OTC, ainsi qu’un nombre croissant de personnes cherchant à se renseigner sur cette alternative.
Cette tendance reflète une prise de conscience grandissante : dans un monde où les systèmes financiers traditionnels peuvent s’effondrer du jour au lendemain, le Bitcoin offre une alternative résiliente et accessible.
Conclusion : reprendre le contrôle de ses finances
L’argent en banque n’appartient pas vraiment aux déposants. Face à la paralysie bancaire, le Bitcoin offre l’opportunité de reprendre le contrôle de ses finances.
La crise de Goma n’est pas un cas isolé. Elle illustre une vérité universelle : les systèmes financiers centralisés sont vulnérables aux crises politiques, économiques et sociales. Le Bitcoin, par sa nature décentralisée et son accessibilité globale, représente une solution concrète pour les populations confrontées à l’instabilité financière.
Pour Goma, comme pour de nombreuses autres régions du monde, l’adoption du Bitcoin n’est plus une question de choix technologique, mais de survie économique. Face à l’incertitude des institutions traditionnelles, cette monnaie numérique offre une bouée de sauvetage à ceux qui osent s’en saisir.