L’Énergie en RDC : Un géant endormi, prêt à se réveiller par le prisme du Bitcoin et de l’IA
Le paradoxe du géant endormi
Imaginez un pays détenant 13 % du potentiel hydroélectrique mondial, 100 000 MW théoriques capables d’éclairer des continents entiers. La République Démocratique du Congo n’est pas une nation pauvre en ressources. Elle est pauvre en vision. Le fleuve Congo pourrait alimenter l’Afrique subsaharienne trois fois.
Pourtant, le taux d’électrification national plafonne à 21,5 %, avec un objectif timide de 30 % d’ici fin 2025. En milieu rural, ce chiffre s’effondre à 1%. Même l’aéroport international de N’djili, vitrine supposée du pays, a subi trois pannes majeures rien qu’en septembre 2025, plongeant la tour de contrôle dans le noir et retardant l’avion présidentiel, tout ça pour un simple défaut de maintenance de 20 000 dollars.
Ces black-out ne sont pas des accidents isolés. Ils incarnent l’absurdité structurelle d’un système où 78 % de la population reste dans l’ombre, pendant que des projets pharaoniques comme Inga gisent en friche, minés par des retards chroniques et des financements évaporés.
Ce n’est pas un problème de production. C’est un problème de modèle économique.

L’équation impossible : Construire sans rentabilité
Construire une centrale hydroélectrique en RDC varie considérablement : une petite installation comme Matebe (13,8 MW) a coûté près de 20 millions de dollars, tandis que les projets d’envergure comme Inga III sont estimés entre 12 et 14 milliards de dollars.
Cependant, l’investissement initial n’est que le début. Le déploiement du réseau de distribution — lignes haute tension, transformateurs, raccordements — représente souvent le double ou le triple du coût de construction de la centrale elle-même.
Et pour couronner le tout, jusqu’à 40 % de l’énergie produite s’évapore en pertes techniques dans des lignes vétustes avant même d’atteindre le consommateur final.
À l’arrivée, qui paie la facture ?
Dans la plupars de villes et les zones rurales, lle seul client disponible reste la population locale. Une population qui consomme principalement pour l’éclairage domestique et quelques appareils de base. Pas d’industrie manufacturière. Pas des usines. Pas des data centers. Pas de mines. Juste des foyers aux revenus précaires, incapables de générer le retour sur investissement nécessaire pour amortir les centaines de millions déployés.
Les opérateurs privés, qu’ils soient chinois, européens ou sud-africains, font le calcul rapidement : l’électrification résidentielle à faible densité ne paie pas. Résultat : les projets avortent, les centrales tournent au ralenti ou ne sont jamais finalisées. Pas par incompétence technique, mais par absence de modèle économique viable.
Le gouvernement congolais a échoué à combler ce vide. Aucune politique industrielle structurante n’a été mise en place pour attirer des consommateurs énergétiques massifs. Aucune stratégie d’amorçage n’a été pensée pour transformer le surplus potentiel en moteur de croissance. L’État s’est contenté de miser sur l’initiative privée, sans comprendre que celle-ci ne viendra jamais sans garanties de rentabilité.

Bâtir une centrale sans clients solvables, c’est comme bâtir un pont qui ne mène nulle part.
Le gouvernement, à travers l’Agence de Régulation de l’Électricité (ARE), doit définir une feuille de route claire et mettre en place des garanties et incitations solides pour attirer les capitaux privés.
Les entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, ont tout à gagner en adoptant des modèles énergétiques hybrides. En intégrant les mineurs de Bitcoin et les data centers dédiés à l’intelligence artificielle, elles peuvent valoriser leurs surplus d’énergie, générer de nouveaux revenus et accélérer l’amortissement de leurs investissements.
Cependant, sans une politique énergétique claire et coordonnée, ni une vision collective entre l’État et les acteurs du secteur, le risque est grand de voir le pays s’enliser dans une dette improductive.
L’exemple du crédit de 250 millions de dollars accordé par la Banque mondiale en juin 2025 pour le projet Inga III en est une parfaite illustration : un projet ambitieux, certes, mais exposé à de lourds risques faute de revenus immédiats et de stratégie de rentabilisation à court terme.
L’exemple éthiopien : Transformer l’électricité en or numérique
L’Éthiopie a compris ce que Kinshasa ignore encore : un surplus énergétique non consommé est un gaspillage économique.
Après avoir investi massivement dans le barrage de la Renaissance (6 000 MW de capacité), l’Éthiopie s’est retrouvée confrontée à un dilemme inédit : trop d’électricité, mais pas assez de clients pour l’absorber.
Avec un taux d’électrification d’environ 55 %, une économie encore en développement et des pics de production nocturnes sous-utilisés, une partie de cette énergie partait littéralement en fumée.
Une situation à l’opposé de celle de la RDC, qui dispose d’un potentiel hydroélectrique colossal, mais souffre d’un déficit d’exploitation et d’une faible couverture du réseau.
La réponse éthiopienne a été radicale et visionnaire : ouvrir le pays aux mineurs de Bitcoin.
Depuis 2022, des fermes de mining se sont implantées dans les zones où l’électricité restait inutilisée. Grâce à un tarif préférentiel, 25 entreprises minières internationales se sont installées, transformant une faiblesse en opportunité.
Résultat : plus de 300 millions de dollars de revenus annuels pour l’État en un an.
Ce n’est pas une rente spéculative, mais une bouffée d’oxygène économique. Ces fonds servent désormais à étendre le réseau national, connecter les 57 millions d’Éthiopiens encore privés d’électricité et diversifier les exportations du pays, au-delà du café.
Le Bitcoin mining offre un avantage unique pour les pays et les centrales hydroélectriques privées disposant d’une capacité énergétique excédentaire : il consomme de l’électricité 24h/24, ne nécessite aucune infrastructure complexe de distribution, absorbe les pics de production, stabilise le réseau et peut se déconnecter instantanément en cas de besoin.
C’est, en somme, le client idéal pour rentabiliser les investissements énergétiques à grande échelle.
Le Texas : Quand l’énergie devient levier technologique
Vous doutez encore du Bitcoin ? Regardons alors du côté de l’intelligence artificielle, où le modèle devient encore plus puissant.
Le Texas a transformé l’équation énergétique en machine à croissance. En 2024, le mining de Bitcoin et les data centers IA ont propulsé la demande électrique de 42 GW — l’équivalent de plusieurs États. Loin d’être une menace, cette explosion a forcé ERCOT à anticiper 150 GW supplémentaires d’ici 2030, déclenchant un boom infrastructurel.
Certains mineurs Bitcoin, anticipant l’avenir, ont converti leurs installations en fermes IA. À Denton, un projet de 4 milliards transforme des sites de mining en hubs de calcul pour l’apprentissage machine.
Le Texas est désormais la 8ème économie mondiale avec un PIB de 2,77 trillions de dollars en 2024 — alors qu’il pesait à peine 1,6 trillion en 2015. L’énergie abondante et les politiques incitatives ont changé la donne : régulations souples, incitations pour les « flex loads » (ces consommateurs qui stabilisent le réseau en temps réel), et tarifs compétitifs.
La leçon : l’énergie bon marché n’est pas une fin. C’est le catalyseur qui attire les industries du futur et propulse la transformation économique.

Parc de Virunga : La preuve que ça marche déjà en RDC
Avant de regarder vers l’Éthiopie ou le Texas, commençons par observer ce qui se passe déjà sur le sol congolais.
Au Nord-Kivu, le prince Emmanuel de Merode, directeur du Parc national des Virunga et de l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature), a anticipé cette révolution bien avant tout le monde. Depuis les années 2010, de Merode et son équipe chez Virunga Energies, la filiale énergétique du Parc, ont bâti un modèle économique durable et fonctionnel — un modèle qui devrait inspirer l’ensemble du pays.
Le secret de Goma ? Beaucoup de Congolais pensent que c’est le gouvernement qui a électrifié la ville et ses environs. Faux. Cette prouesse est due en grande partie à l’apport du Bitcoin.
Dès 2020, Virunga Energy a vendu plusieurs mégawatts à BigBlock Data Centers, une entreprise française fondée par Sébastien Gouspillou. Ces revenus ont permis de financer l’extension du réseau électrique local, offrant ainsi à des milliers de foyers l’accès à une énergie stable.
Mais Virunga ne s’est pas arrêtée là. Depuis 2023, l’entreprise déploie ses propres conteneurs de mining, produit ses propres bitcoins et réinvestit directement les bénéfices dans ses infrastructures. Le projet s’est déjà étendu vers le Grand Nord, où le même modèle est en cours de réplication dans d’autres centrales en construction.
Si Virunga Energies parvient à le faire au cœur d’une zone de conflit, avec des moyens limités, qu’est-ce qui empêche Kinshasa d’adopter ce modèle à l’échelle nationale ?

RDC : au-delà du cobalt, l’hydroélectricité comme véritable trésor
Parlons franc : la RDC est obsédée par son sous-sol. Cobalt (70 % de la production mondiale), cuivre, étain, coltan, cassitérite — la litanie des matières premières extractives. Mais cette fixation cache la vraie richesse : l’hydroélectricité.
Les minerais s’épuisent. L’eau coule éternellement.
La RDC possède tous les atouts pour répliquer — et même dépasser — les modèles éthiopiens et texans. Son potentiel hydroélectrique dépasse largement celui d’Addis-Abeba, et ses coûts de production figureraient parmi les plus bas au monde. Pourtant, rien ou presque ne bouge.
Le gouvernement congolais doit cesser de raisonner uniquement en termes d’extraction minière ou d’électrification domestique. L’équation est simple : sans consommateurs industriels massifs, aucun réseau électrique ne peut être rentable.
Le minage de Bitcoin et les data centers d’intelligence artificielle représentent aujourd’hui la solution la plus rapide, la plus flexible et la moins risquée pour enclencher cette dynamique.
Les 36 milliards de dollars nécessaires pour porter l’électrification de la RDC à 62,5 % d’ici 2030 ne tomberont pas du ciel. Ils viendront de modèles économiques viables, pas de promesses de bailleurs éphémères ni de dettes qui enchaînent le pays au lieu de le propulser.

Conclusion
La RDC n’a plus le luxe de contempler son potentiel.
L’Éthiopie l’a compris, le Texas l’a fait : ils ont transformé leurs surplus énergétiques en moteurs de croissance. Kinshasa et les acteurs du secteur énergétique doivent à leur tour emprunter ce virage décisif — celui d’une économie où chaque watt produit génère de la valeur, crée des emplois et renforce la souveraineté technologique du pays.
Pour y parvenir, vous n’êtes pas seuls.
Bridgesats Energy se positionne comme un partenaire stratégique, prêt à vous accompagner dans cette transition. Nous vous aidons à optimiser vos ressources énergétiques, à connecter vos centrales aux meilleurs clients internationaux, et à développer vos propres infrastructures de valorisation énergétique.
